After the apocalypse
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 Grandir se fait d'un coup ... [Isa]

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Alena James

Alena James


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MessageSujet: Grandir se fait d'un coup ... [Isa]   Grandir se fait d'un coup ... [Isa] Icon_minitimeLun 3 Nov - 21:06

    Des arbres aux feuilles marron entouraient la rue. Ca sentait l’automne à plein nez. Tout était brun autour de moi. J’aimais ça, c’était une couleur chaude rassurante. Cette saison n’était pas ma favorite seulement car mon anniversaire s’y trouvait. Il faisait bon, le vent soufflait agréablement. C’était la saison des romantiques. On croit toujours que l’hiver, avec ses flocons de neige et ses patinoires incroyables était la saison des contes de fées. Mais je savais, moi, que c’était faux. Seul l’automne, ses couleurs orangées et sa température agréable était faits pour les princesses. Mes cheveux dépassant de mon écharpe entourée autour de mon cou voletaient près de moi, me faisant sourire, comme une enfant.

    Clac clac clac. Clac clac clac. Une jeune femme en mini-jupe, portable à la main, venait de rejoindre l’autre trottoir. Mon regard glissa vers elle. Bien sur, c’était une femme d’affaire, ou du moins elle allait le devenir. Quelqu’un a dit de ne pas croire aux apparences. Pourtant, elles sont rarement trompeuses. Mes grands yeux détaillaient à présent la nouvelle venue du regard. Son vernis rouge parfait et son maquillage qui n’avait pas coulé d’un millimètre témoignaient de l’attention qu’elle se portait à elle-même. Son tailleur un peu court en disait long sur ses intentions de percer dans son milieu. Et ses talons qui martelaient le sol indiquaient… En fait, ça j’ignore ce qu’ils symbolisaient.

    Mes pas s’étaient automatiquement calés sur ceux des talons. Clac. Pied gauche. Clac. Pied droit. Comme quand j’étais petite, je m’imaginais une chanson, au rythme des pieds de la jeune femme. Dans ma tête, une guitare et une voix virent se mêler au métronome qu’étaient les escarpins. « Dancing queen, young and sweet, only seventeen … » C’était une chanson que me chantait ma maman, qui sonnait bien avec le rythme. La chanson continuait dans la tête, tandis que je m’efforçais de penser à autre chose, plutôt vainement. Le problème, c’était qu’ensuite cette mélodie me resterait dans la tête, ce qui était très mauvais, surtout aujourd’hui. Parce que c’était un jour spécial.

    Quelques semaines plus tôt, j’avais reçu une lettre m’informant que j’avais obtenue un entretient pour un stage, dans un grand journal. Rien que ça. Donc, si j’avais une chanson d’Aba dans la tête, tout risquait de déraper. Déjà qu’il y avait tant de chose dont je devais me souvenir. Respirer pour commencer. Ca semblait simple comme ça mais, vu comme je me connaissais, je savais être capable de louper une inspiration. Donc, inspirer, expirer. Inspirer, expirer. Un pied, puis l’autre. Un bras en avant, un bras en arrière. Inspirer, expirer. C’est bien plus difficile qu’il n’y parait, d’être. De simplement être. Surtout quand je vis, en face de moi, l’immense immeuble qui abritait les locaux du journal. Inspirer, expirer. Un pied, puis l’autre.

    La jeune femme qui était auparavant à côté de moi s’engouffra dans l’immeuble sans aucune hésitation. Je regardais ma tenue. Mon short, sur des collants de laine et mon pull ivoire me parurent soudainement trop peu habillés. Et mes ballerines … J’aurais l’air ridicule. Je le sentais, au plus profond de mon être. Bien sur, je n’étais pas devin et il ne fallait jurer de rien. Mais mon estomac s’était déjà contracté sous le poids de la fatalité quand je rentrais par la porte tournante.

    S’ensuivit des dizaines de mètres de couleurs, plein de secrétaires aux sourire surfaits et des murs d’un blanc écrasant. Je ne savais pas ce que je faisais ici. Je n’en avais aucune idée. Tout ça, ce n’était pas moi. J’avais rêvé tant de fois de cet entretient, depuis que j’étais petite. Et là, c’était la fondation même de mes rêveries qui s’écroulait sous mes yeux ébahis. J’étais redevenu une gamine pour qui tout était trop grand, trop beau, trop bruyant. Pour qui tout était devenu trop. Alors, sans réfléchir, et pour sauver cette petite fille qui serrait son éléphant bleu contre son cœur, je me retournais et courus. Je courus jusqu'à la porte que je franchis sans m’arrêter. Dehors, j’inspirai enfin.

    J’éclatais d’abord de rire, avant de laisser les larmes couler sur mes joues rosies de blush. Mes pas me guidèrent dans les rues familières de la ville sans que je n’ai besoin de réfléchir à quoi que se soit. Jusqu’au cimetière. Bien sur, je devais dire ça à ma mère. On ne s’était jamais bien comprises toutes les deux, mais je l’aimais de tout mon cœur. C’était donc tout naturellement que je me tournais vers elle à ce moment précis. Les larmes étaient toujours dans mes yeux mais plus sur mes joues à présent. Je regardais la tombe de ma mère, devant laquelle j’étais agenouillée.

    « Salut maman. Tout va mal aujourd’hui. J’aimerai tellement que tu sois là, pour comprendre à quel point je me sens seule. En plus, j’ai perdu quelqu’un aujourd’hui. Je crois que je me suis perdu. Et ça me fais peur. Oui. J’ai peur. »

    L’énoncer à haute voix rendait la chose tellement réelle. Mais c’était après tout la vérité. Je n’avais jamais été plus effrayée qu’à ce moment précis. J’étais seule, horriblement seule. Je n’avais plus d’épaule à mouillée de mes larmes. Bien sur, la solitude faisait partit de moi. Mais seulement quand je la choisissais. Pas quand elle m’était imposé. Je laissais aller ma tête contre le marbre froid de la croix blanche. Une larme coula sur ma joue, puis sur la tombe sans que je ne l’essuie.
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MessageSujet: Re: Grandir se fait d'un coup ... [Isa]   Grandir se fait d'un coup ... [Isa] Icon_minitimeLun 3 Nov - 23:26

    « Et Bella, ma chérie, il fait frais aujourd'hui, couvre toi. »

    Comme s'il faisait aussi frais qu'elle le sous-entendait. Je venais à peine de raccrocher, que je sentis une brise souffler dans mon dos. Peut-être que Maman n'avait pas tort. Mais j'étais bien trop fière pour me l'avouer. Et puis ce pull me couvrait parfaitement bien, et mon écharpe aussi. J'avais pour habitude d'appeler ma mère, de temps à autres, pour lui dire que tout allait bien, où j'étais, si je ne m'étais pas perdue... Dans le genre mère-poule, elle était plutôt douée. Mais rien de bien méchant. Et donc, comme j'étais sortie de chez moi assez tôt, elle voulait savoir ce que je trafiquais. Et je répondais tout aussi simplement : des choses.

    Des gens paniquent quand on leur dit ça. Ils pensent que vous n'êtes pas nets - joli jeu de mots, n'est-ce pas ? - et qu'il vous manque une case dans le tiroir. Mais ma très chère mère savait que c'était ma façon de lui dire que je me baladais tranquillement. Elle respectait mon petit coin tranquille et intime que formait ma vie. Et je l'en remerciait pour ça. Pas souvent, c'est vrai, mais assez pour qu'elle le sache.

    Alors, ma journée s'était résumée à : balade à Central Park, puis pause frappuccino au Starbucks habituel, passage éclair chez moi pour apporter deux, trois bricoles à mon père, et erration au milieu de nulle part. Ca ne se dit pas, mais je le dit quand même. Au passage, c'est du verbe errer. Non mais on sait jamais...

    « Lorsque la jeune fille posa ses yeux sur lui, elle sentit un frisson lui parcourir l'échine. »

    Je n'avais pas lu si fort, et pourtant, j'avais l'impression que tous les passants que je croisais m'entendais lire. Ce roman m'obnubilait vraiment. Les gens préfèraient s'affairer à reconstruire la ville, moi, je préfèrais m'enfermer dans des rêveries solitaires. Avec mon lecteur MP3 fiché dans les oreilles, me chantant une douce mélodie jouée au piano, je continuais d'avancer, sans vraiment regarder où j'allais. Ce qui me valut de trébucher une dizaine de fois, rien de bien inhabituel.

    « Ce n'était pas un de ces frissons d'amour, ni de peur. Un mélange savant des deux. »

    Mes doigts amoureusement collés à la couverture, je ne lâchais pas ce livre qui me faisait quitter terre. Alors que j'avais bousculé une énième personne, balbutiant quelques excuses inaudibles sans comprendre un mot de ce qu'on me disait, je quittais peu à peu les limites de la civilisation. Non, je n'étais pas encore devenue un australopithèque, mais j'étais plutôt éloignée du centre de la ville. En tout cas, de la ville « vivante » .

    Plutôt que de rejoindre les fantômes de notre passé, je décidai de bifurquer au prochain croisement, donnant sur le cimetière.

    « Une promesse d'amour éternel, les mains dans les mains, yeux dans les yeux. »

    Je poussai un soupir d'aise. Que j'aimais ce livre. Et la musique que j'écoutais, douce, passionnée, amoureuse, lointaine, y aidait beaucoup. J'allais souvent près du cimetière. C'était un endroit calme. Il paraît que les « habitudes » avaient beaucoup changé de l'avant-apocalypse. Avant, c'était surtout un lieu de recueillement à la mémoire de nos disparus. Mais aujourd'hui, on voyait des gens lire, près d'un jardin. Des gens visiter, pour rendre hommage. Ce n'était pas mal vu, juste une certaine ouverture d'esprit en plus, que j'appréciais grandement. M'éloigner du vacarme de la Grande Pomme, c'était souvent nécessaire.

    La chanson s'arrêta. Déjà ? Je regardais l'écran et vit que cela faisait 46 fois que je l'écoutais. Depuis mon départ de la maison. Ah oui, quand même. Tenant d'une main mon livre, mon doigt marquant la page, je rangeai dans mon sac en bandoulière mon baladeur, ayant constaté qu'un peu de silence ferait du bien à mes tympans, même si je n'écoutais pas du heavy-metal, entre nous...

    « La Lune était pleine ce soir là, et leurs coeurs parlaient sans aucun son autre que leur souffle... »

    Alors que je marchais aveuglément vers un banc quelconque - j'avais fait pas mal de marche, et mes Converses commençaient à s'user un peu - j'entendis cependant une voix féminine s'élever. Je n'épiais pas ! Ne vous méprenez pas ! Seulement, je ne pus faire autrement, et j'écoutais ce triste appel à l'au-delà. Des sanglots s'en suivirent. Inconsciemment, je plaçai un ruban de satin bleu-canard dans mon livre, et le rangeai lui aussi dans mon sac en bandoulière.

    J'avançais. Sans m'en rendre compte, je traversais les petits bois de chênes qui me séparaient de la source de ce chagrin. Je ne le faisais pas exprès, mais j'avais une sorte de curiosité qui me poussait à voir qui avait tant de désarroi à conter à une âme éperdue. Occultée par les feuillages incessant, et les jeux de lumière du soleil caché par les nuages, le vent jouant dans mes cheveux détachés, et dans les feuillages désolés, je vis une jeune fille, qui pleurait.

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MessageSujet: Re: Grandir se fait d'un coup ... [Isa]   Grandir se fait d'un coup ... [Isa] Icon_minitimeMar 4 Nov - 0:50

    Une larme, puis une autre. L’eau salée coulait sur mes joues et finissait sa course dans l’herbe. Je ne tentais même pas d’empêcher mes joues d’être inondés. Je ne cherchais même pas à connaitre la raison des larmes. Dire adieu à l’enfance était quelque chose de difficile, sans doute. Bien pire que je ne l’avais imaginé. Je revoyais tellement la petite Alie, serrant son doudou contre elle, tandis qu’elle observait sa mère écrire à son père. Et elle me manquait infiniment. Parce qu’elle était insouciante. Elle ne connaissait as la vie et ne voulait surtout pas la connaitre, se contentant d’être heureuse sans condition, sans obstacle. D’aimer ceux qui étaient autour d’elle. Ses seuls soucis étaient les devoirs et les copines qui ne répondaient pas au téléphone. Et la laissait partir me faisait incroyablement male. Parce que faire un deuil était toujours douloureux.

    « Tu sais, je t’avais parlé de cet entretient pour un journal. J’aimerai pouvoir te dire que je l’ai réussis, ou même que j’attends une réponse. Mais non, je suis partie. J’ais fuis parce que ça m’effrayait. Tout ces gens surfaient. J’ai voulue la préserver. J’ai voulue préserver Alie. »

    Ma voix s’était fondue dans un sanglot. Mes larmes ne coulaient plus en silence à présent, je pleurais vraiment, le front à quelques centimètres de Maman. Un peu comme avant. Mais si peu que ça en devenait dérisoire de comparer les deux situations l’une à l’autre. Pourtant, j’en éprouvais le besoin. Je me devais de me rappeler de la petite fille que j’avais été, celle qui n’était seule que quand elle le voulait et qui rêvait d’être funambule, parce qu’elle pensait qu’ils volaient.

    « Mais j’ai pas réussis. Je l’ai laissé me quitter. Et je t’ai laissé me quitter. »

    Enfin, je l’avais dit. C’était surement pour ça, que je voulais Alie. Parce qu’elle était reliée à Maman. Parce qu’a cette époque là, maman vivait toujours, elle était là, présente et réconfortante. Et que celle que j’étais aujourd’hui n’avait pas la chance d’avoir sa mère près d’elle. Et que, d’une façon inquantifiable, elle me manquait. Son absence pesait sur mon cœur comme un poids sur une balance. Je savais que ce n’était pas de ma faute si ma mère était partie. Mais les faits étaient là : elle m’avait quitté. Et le pire, c’était que je l’avais laissé faire. A l’hôpital, j’avais attendu, les larmes aux yeux mais les mains croisées, qu’on m’annonce qu’elle était montée au ciel. Morte. Qu’on m’arrache une partie de mon cœur.

    « Si tu savais comme tu me manques. J’espère que c’est beau là haut, et que tu me gardes une place. J’espère vraiment que tu es heureuse. Parce que tu as eut ton compte de malheur. »

    Je fixai le marbre blanc, attendant quelque chose. Un signe peut-être. Je n’avais pas crus en dieu quand maman était vivante. Mais quand elle m’avait quitté, j’avais voulu croire en son bonheur. J’avais voulu qu’elle soit heureuse là-haut, parce que c’était mieux que si elle n’était ‘rien’ devenue. Peut-être ne croyais-je toujours pas en un esprit supérieur. Mais dans mes rêves, ma mère était heureuse. Au paradis. Parce que, si le bien et le mal existait vraiment, aucun doute quant au lieu ou était ma mère.

    Un bruit, à ma gauche, me fit sursauter. Une jeune femme, qui semblait venir d’arriver, était à la lisière du bois. Son visage ne m’était pas familier, et d’un geste mécanique ma main monta à mes joues pour els essuyer. J’utilisai la manche de ma veste marine pour éponger – oui, c’était le mot – mon visage. Je me sentais un peu honteuse, mais pas outre mesure puisqu’on était quand même au cimetière. J’avais seulement peur qu’elle ne m’ait entendu parler toute seule, se qui était mauvais signe pour la plupart des gens. Je me relevais et réajustait mon short avec un demi-sourire pour l’inconnue, malgré mes yeux encore humides.
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MessageSujet: Re: Grandir se fait d'un coup ... [Isa]   Grandir se fait d'un coup ... [Isa] Icon_minitimeMar 4 Nov - 1:51

    Étrangement, j'aurais dû me reprendre, et ne pas écouter cette « conversation », entre une jeune fille meurtrie et une personne chère à son coeur qui avait disparu. Mais je ne pouvais pas faire marche arrière, elle aurait vu que j'étais là, et se serait sûrement offusquée de me voir épier un moment si intime. Mais je n'épiais pas. J'étais seulement attirée, sans vraiment en comprendre la signification. Une sorte de curiosité innocente. Moi je le voyais ainsi, la plupart des gens, eux, ne le voyaient pas vraiment de cette façon. Mais bon, que voulez vous, c'est dans la nature humaine.

    La pauvre jeune fille pleurait sa mère. Je me sentais coupable, d'avoir parlé à la mienne, quelques heures auparavant, sans lui avoir prêté une grande attention, sans lui avoir dit que je l'aimais, sans avoir été aussi proche que je l'étais, étant enfant. Cette jeune fille lui parlait, comme si le marbre blanc était son visage, pâle mais serein, froid mais avenant, et pourtant si lointain. J'étais figée, derrière le tronc de ce vieux chêne, qui devait bien avoir une centaine d'années. Il a dû voir bien des choses, ce vieux sage.

    Alors que je réfléchissais sans but sur la résistance des arbres faces aux affres du temps, la scène que j'observais continuait de se dérouler, sous mes yeux, alors que je ne bougeais pas. De peur d'être vue ? Peut-être : le voyeurisme n'est pas bon, dit-on. Stop, Bella, stop, arrête de penser, et essaie de te sortir de là, tu pourrais blesser cette fille, à rester là, bêtement...

    Ma conscience se battait avec moi-même, voulant savoir si j'attendais qu'elle parte pour respirer ou si... Ah oui, j'avais oublié de respirer. Non mais quand je vous dit que parfois je suis un peu ailleurs, c'est pas vraiment un euphémisme. Le vent souffla une nouvelle fois, cachant par la même occasion une des bouffées d'air que je venais d'inhaler. Je voulus faire un pas en arrière, pour laisser ce tableau se déroulait sans que je ne vienne le troubler.

    « Crac. »

    Et zut. Le vieux chêne était mon ami, mais pas les branches mortes qui gisaient près de ses racines saillantes et puissantes. Ce fut tellement bruyant que j'en sursautais. Bien joué, Isabella, bien joué...

    Le tableau si calme et paisible s'était réveillé. J'avais fait une gaffe - encore une - et je risquais de payer les pots cassés. J'étais même pas sûre de respirer. Encore une fois. La jeune fille parut embarrassée, et s'essuya les joues. Elle se releva, et je crus qu'elle allait me foudroyer de paroles harassantes, et qui sait, de coups tout aussi agréables. Devais-je me mettre à fuir, comme une voleuse ? Courir à toute haleine hors de ce cimetière si paisible ? Ou bien devais-je m'excuser, en me traînant par terre, salissant pas la même occasion mon vieux jean déchiré - mais c'était fait exprès, Maman ne le comprenait jamais. Ni Papa d'ailleurs - enfin, si j'arrivais à articuler deux mots à la suite sans m'étouffer de honte.

    Je ne savais vraiment pas quoi faire, et la jeune inconnue aux yeux embués me regardait avec un demi sourire. Elle n'avait pas l'air méchante, mais les apparences sont trompeuses. Hé, ho, j'avais fait assez de gaffes pour la journée, alors c'était as le moment de cumuler. En avant, soldat Isabelle Cassiopée Empty, et allez vous excuser, sur le champ !

    « Je... Euh je suis désolée... Je ne voulais pas te faire peur. »

    Oui, ça part bien comme ça. Oh, ferme-là, moi. Comme tu veux, en attendant, c'est pas terrible comme excuse. Elle avait l'air plutôt gênée que terrifiée. Je ne ressemble pas à un loup-garou, faut dire.

    « Je suis vraiment navrée, je n'aurais pas dû rester là. »

    Et voilà. Ca y est, j'étais en train de m'embrouiller. Et de rougir, aussi. Je faisais vraiment très bête sur le moment. C'est fou comme dans ces moments là, on voudrait bien se faire toute petite, et courir à toute vitesse vers la falaise la plus proche, histoire d'être vraiment seule, et pouvoir se morfondre de honte.

    Alors : Va fuir ? Va pas fuir ? Va fondre de honte ? Ou va faire preuve de ténacité ? Tandis que mes pensées s'envolaient bien loin, vers des horizons qui faisaient très feuilleton télévisé sur un choix crucial qui faisait appel à tout le savoir-faire du héros, ici moi - riez pas si fort, c'est gênant - et donc... Voilà, je repartais. Moi qui état censée être maître de moi, je m'emballais plutôt vite. Tout ça parce que j'avais peur d'avoir fait souffrir quelqu'un...
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MessageSujet: Re: Grandir se fait d'un coup ... [Isa]   Grandir se fait d'un coup ... [Isa] Icon_minitimeMar 4 Nov - 4:00

    Quelqu’un m’a un jour dit qu’un silence, si on savait le gérer, n’était pas pesant. Pourtant, celui là était incroyablement lourd. Je ne savais pas très bien quoi dire ou que faire, et clairement je n’étais pas la seule dans ce cas là. Je me mordis la lèvre inférieure, comme toujours quand je ne savais que faire. Puis, avant de dire quoi que se soit, je tournai ma langue sept fois dans ma bouche. Au sens propre. Ca aussi, c’était quelque chose que je faisais souvent, même si ça paraissait assez étrange aux yeux des autres. Voilà pourquoi c’était le genre de chose que je gardai pour moi-même. Pour ne pas passer pour une folle ou une fille bizarre.

    Mais, avant même que j’ai fini le sixième tour, l’inconnue pris la parole d’une voix mélodieuse et gênée. Comme moi, elle semblait ne plus savoir ou se mettre. Mes doigts s’emmêlaient avec mon pull que j’étendais dans un tic nerveux. Quand allais-je enfin réussir à parler en compagnie de quelqu’un que je ne connaissais pas ? J’y arrivais pourtant très bien avec la tombe de ma mère. Alors pourquoi pas avec cette jeune femme qui semblait tout autant intimidée que moi, voir plus si c’était possible, se don je doutai fortement.

    Cette situation me paraissait incroyablement familière bien que différente. Parce qu’il y avait toujours quelqu’un qui avait gaffé et qui ne savait plus ou se mettre. Mais d’habitude, c’était moi. Pas mon interlocuteur. Bien sur, c’était moins embarrassant dans ce sens là Mais rien que le fait que la situation ait changé me faisait perdre tout mes moyens. A ce moment précis, je me dis qu’il fallait peut-être que j’aille voir un psy, que ce ne serait pas en trop. Comment en étais-je arrivée à penser à ça ? Je me reconcentrai alors sur la conversation, qui n’était pas allée bien loin.

    Finalement, ce fut mon interlocutrice qui ajouta quelque chose. Je ne comprenais pas vraiment le sens de ces paroles. Le cimetière était à tout le monde et je n’avais pas besoin d’y être seule. Bien sur, si j’avais sut qu’elle était là, j’aurais surement évité le long discours à une disparue. Mais je n’étais pas obligée d’être la seule à me recueillir ici. Au contraire, plus les gens pensaient aux morts, et mieux c’était. J’avais toujours considéré que se rappeler faisait partie de notre devoir.

    « Non, il n’y a pas de problème. Je suppose que tu viens voir quelqu’un. »

    C’était en quelque sorte une subtile mise en route de la conversation, car je ne doutais pas que la réponse fut affirmative. Subtile, très subtile certes. Mais je venais de prononcer deux phrases sans bégayer, sans me mordre la lèvre et sans remettre mes cheveux derrière les oreilles. Bon, le fait qu’ils soient noués aidait surement pour ce dernier détail. Mais j’étais tout de même fière de moi.

    Cependant, je déchantai très vite. La jeune femme ne me répondit pas et j’eus peur d’avoir été trop loin. Après tout, ça ne me concernais certainement pas. Si elle me demandait de parler de ma mère, je lui aurais surement répondus de la fermer, ou alors je serais partit en courant. Surement la dernière option. La pensée de ma mère réanima le souvenir bien trop chaud des dernières heures, et de nouvelles larmes vinrent se placer dans mes yeux, que je retins néanmoins de couleur.

    « Excusez-moi, je ne voulais surtout pas être indiscrète. »

    J’avais murmuré cette dernière phrase tant j’avais peur d’éclater en sanglot. Lui parler était quelque chose. Mais pleurer devant cette inconnue, c’était hors de question. Je fixai résolument ses baskets, ne voulant pas montrer mes yeux brillants de larmes à la jeune femme. Ce que je me sentais bête et triste à cet instant !
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MessageSujet: Re: Grandir se fait d'un coup ... [Isa]   Grandir se fait d'un coup ... [Isa] Icon_minitimeMar 4 Nov - 15:27

    Eh ben bravo. Voilà que le silence se prolongea, ce qui n'aidait pas trop au dénouement de cette étrange scène. Les paroles que j'avais prononcées n'avaient pas beaucoup aidé, comme d'habitude, et mon interlocutrice essaya tant bien que mal de rattraper la conversation, ou tout simplement mon ego qui jouait avec les asticots, plus bas que terre.

    « Je suppose que tu viens voir quelqu'un. »

    Isa, ma pauvre petite et stupide Isa, tu t'es mise dans de beaux draps. Parce que la jeune fille qui est en face de toi, elle, croit que tu as une bonne raison, et surtout logique, de venir dans un cimetière, ou bien d'être derrière un chêne à écouter. Le fait est que : non, je ne venais pas voir quelqu'un. Et là, pour le coup, ça me mit d'avantage mal à l'aise. Mais dans le genre bien mal à l'aise.

    Mes doigts prirent soudain un grand intérêt à mes yeux, me les triturant inlassablement, comme si une des tombes ici présentes, viendrait à me souffler une idée de génie pour que je disparaisse en un nuage de fumée. Tandis que j'avais la tête baissée, les cheveux m'occultant complètement le visage, et surtout, mes joues qui commençaient à rosir de honte, je n'osais pas répondre, et celle qui était en face de moi le remarqua. Inconsciemment, je m'attendais à recevoir une nuée de feuille du chêne sur la tête, ou bien une pigne de pin sur le nez, lancée par la jeune femme que j'avais dérangée, et elle aurait eu bien raison.

    Mais au lieu de ça, elle crut qu'elle m'avait froissée et s'en excusa.

    « Non ! Non, non ! »

    C'était sorti tout seul. Un autre de mes « super-pouvoirs », ma langue va parfois plus vite que mon cerveau, et pas pour arranger la situation, en général. Oui, d'habitude c'est pour rétorquer méchamment à une peste, et dans ces cas là, c'est mon poing qui va plus vite, mais là, j'aurais peut-être dû me taire. Comme j'avais relevé la tête, elle pouvait voir mes joues encore rosies, et j'avais fait un pas en sa direction, les mains en avant.

    « Je... Tu... Vous n'avez... Tu n'as pas à t'excuser. »

    Et voilà que je commençais à bégayer. On m'a souvent dit que c'était mignon : de rosir, de bégayer, de perdre ses moyens. Que celui ou celle qui me l'avait dit vienne me voir, là maintenant, et il/elle va voir comment il/elle va être reçu(e).

    L'inconnue fixait mes chaussures, et moi je fixais les siennes. Dans un film, on aurait trouvé ça comique, ici, c'était plutôt du genre très gênant ; et je décidai de relever mon visage vers elle. Ses yeux semblaient s'embuer à nouveau, et je me sentis encore plus coupable que deux minutes auparavant. Dans ces situations, prétexter quoi que ce soit aurait été déplacé, surtout que je ne supporterais pas de mentir. Pas à elle. La vérité paraissait être la seule porte de sortie où le couperet ne tomberait pas systématiquement sur mon joli petit cou emmitouflé dans l'écharpe brune que je portais.

    Je mis mes mains l'une dans l'autre, devant moi, toujours en me triturant les doigts, tic assez récurrent quand j'étais mal à l'aise, enfin, entre autres, et je fis une pas de plus vers elle, histoire d'essayer de la rassurer, et non pas de la faire fuir. Quoi que, si elle voulait fuir, je ne l'aurais pas blâmée pour ça.

    « Je viens au cimetière pour lire, de temps en temps, c'est calme et reposant. Et quand j'ai entendu ta voix, je n'ai pas fait exprès et je suis venue voir. »

    Oui, si j'avais décidé de remettre pour une quarante-septième fois la chanson sur mon baladeur MP3, peut-être n'aurais-je pas à endurer cette situation éprouvante, autant pour elle que pour moi. Si j'avais eu quelqu'un à « visiter », j'aurais eu une bonne excuse, mais être mordue de littérature, de poésie et de solitude, ça marchait moins bien.

    « Je ne voulais pas t'épier, mais je comprends que tu puisses être en colère... »

    Adieu monde cruel, les âmes reposant ici bas allaient sûrement sortir de leur dernière demeure pour m'emmêler les cheveux, m'attacher au chêne avec des chaînes, et me faire manger tout le terreau qu'il y avait. Ou peut-être que j'allais me faire enlever par un fantôme ? - Bella ? - Oui, c'est moi ? - Tu penses pas que tu pars un peu loin, là ? - C'est fort possible.
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MessageSujet: Re: Grandir se fait d'un coup ... [Isa]   Grandir se fait d'un coup ... [Isa] Icon_minitimeMar 4 Nov - 17:58

    Je connaissais par cœur la tristesse. Je l’avais subis en long, en large et en travers. Pourtant, quand elle arrivait, c’était toujours par surprise. Comme aujourd’hui. J’aurais du être heureuse, au lieu de quoi j’avais les larmes aux yeux. C’était censé être une bonne journée, la consécration de mes efforts fournis en cours, même s’ils n’étaient pas très nombreux. Au lieu de quoi, je me retrouvais les yeux pleins de larmes devant une parfaite inconnue, qui semblait n’avoir à rien à faire ici.

    Pour retrouver une contenance, j’inspirai un grand coup puis expirai, doucement, en ne pensait qu’a ça. Inspiration, expiration. Je faisais toujours ça pour vaincre la tristesse ou le stresse, et ça avait toujours marché. Ca m’avait évité de nombreuses crises de larmes dans ma vie, car j’avais adopté cette technique très jeune, pour quand je me faisais réprimander. Inspirer, expirer. Doucement et régulièrement, en pensant à ça. Maintenant, j’étais sure que quand j’ouvrirai la bouche, mes mots ne se transformeraient pas en sanglots. Ou plutôt si j’ouvrai la bouche.

    Je n’étais pas indiscrète, puisque mon interlocutrice se dépêcha de me rassurer. Mais alors pourquoi était-elle aussi gênée. Certes, j’étais triste et c’était peut-être embarrassant. Mais je ne voyais pas meilleur endroit qu’un cimetière pour pleurer. Un hôpital peut-être, mais même pas. Pour moi, c’était un lieu d’espoir plus que de désespoir. Pourtant, j’en avais versé des larmes inutiles là-bas, dans la salle d’attente, dans les bras d’un médecin qui tentait vainement de me réconforter. Malgré ça, j’avais toujours considéré les urgences comme un endroit de paix. Pas un cimetière.

    Aussi fus-je surprise qu’elle vienne là pour lire. Lire ? Mais qui venait faire ça dans un cimetière ? Elle apparemment. Calme et reposant. Deux adjectifs que je n’aurais jamais associés au cimetière. Les allées de crois blanches et la pelouse vertes étaient incroyablement tristes. A chaque fois que j’entrais, je ressentais une vague de chagrin déferler sur moi, qui semblait me dire que tout ceux qui étaient là, sous la terre, avaient été aimés et manquaient à quelqu’un. Il n’y avait rien de reposant dans la fatalité de la mort.

    Mais après la surprise vint la colère. Comment osait-elle ? Il y avait des gens disparus sous la terre, et tout ce qu’elle trouvait à faire, c’était venir lire ici, tout ça parce qu’elle trouvait ça calme. Bien sur que oui c’était calme, puisque les gens avec un minimum de respect évitaient de venir ici pour s’occuper, sous prétexte qu’il n’y avait pas de gamins qui couraient dans tout les sens. Avait-elle conscience que ce n’était pas un parc sans bruit mais un endroit ou des gens étaient vraiment enterrés ? Non, surement pas.

    Je me savais très lunatique et j’essayai donc de contrôler ma colère. Dans quelques instants se serait passé, mais en attendant il fallait absolument que je me calme. Le fait qu’elle m’autorise à être en colère ne fit rien pour arranger les choses, mais malgré ça je tentais de respirer doucement. Encore le même exercice. Inspiration, expiration. Finalement, je vrillai mes grands yeux bleus sur les siens. Il y avait surtout de la honte dedans. Tant mieux ! Elle n’avait rien à faire là. Inspiration, expiration. Calmement. Sans colère.

    « Et tu t’es dit que le cimetière était le meilleure endroit pour lire ? »

    Ouf, j’avais contrôlé ma voix. Elle n’était pas montée dans les aigus et il n’y avait pas de trace de colère dedans. Elle était juste sèche. Je me reconnaissais si peu. Moi qui d’habitude me faisais oublier, voilà que je devenais froide. Mais la colère avait des effets très nocifs sur moi, comme sur tout le monde à vrai dire.

    « Je … Je suis désolé, je ne voulais pas être méchante. C’est juste que … que… Enfin, que tu n’as rien à faire là quoi … »

    La bouffée de colère qui m’avait envahit était repartit aussi vite qu’elle était venue. Maintenant, mes joues étaient rouge non à cause de l’énervement, mais par la honte. Je m’étais remise à bafouiller et bégayer, se qui signifiait que j’étais de nouveau dans mon état normal : calme, posée et incroyablement maladroite avec les mots et les gens. Comme à chaque fois que je parlais à quelqu’un d’autre que maman, je ressentis un immense besoin de solitude en moi.
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MessageSujet: Re: Grandir se fait d'un coup ... [Isa]   Grandir se fait d'un coup ... [Isa] Icon_minitimeMar 4 Nov - 20:50

    Je voyais bien le changement s'effectuer dans les pensées de cette jeune fille, devant moi. Je voyais qu'elle se retenait de pleurer, et que que sa respiration se faisait de plus en plus régulière, et calme. Une bonne méthode, puisque ça avait l'air de fonctionner. Seulement je vis aussi que son attitude face à mon « intrusion », ou plutôt ma curiosité déplacée, changeait peu à peu, et je devinais la colère sous-jacente.

    Lorsqu'elle releva ses grands yeux bleus vers moi, je crus que mon coeur avait raté un battement. Voire même deux, vu la façon dont c'était parti. Je me sentais de plus en plus mal à l'aise, non pas gênée, mais mal dans ma peau. Et ça se voyait. Je continuais de me tripatouiller les doigts, de croiser, puis décroiser mes jambes plutôt minces, alors que le vent ébouriffait de plus en plus mes cheveux. Dés qu'elle ouvrit la bouche, j'eus l'impression de recevoir une claque. Mes yeux verts s'ouvrirent et aucun son ne put sortir de ma bouche.

    Apparemment, j'étais tombée sur une des personnes dans cette ville qui n'appréciait pas que les gens viennent se recueillir à leur façon. Ce n'est pas comme si je disais que je venais danser comme une dératée sur les sépultures, en peignant de jolies fleurs roses, tout en criant à qui veut l'entendre que j'étais la meilleure. Là, j'aurais peut-être compris sa réaction, voir même juste pour la partie de la danse, mais je ne faisais que lire. Mon expression changea, tout comme mon attitude, je me suis crispée, tout comme l'était devenue cette inconnue, et j'arrêtai de torturer mes doigts.

    Mes lèvres s'étaient plissées en une moue de vexation, je ne voulais pas me mettre en colère. Ca ne servait à rien. Et apparemment, celle de la jeune fille s'était envolée avec la dernière bourrasque de vent. Je n'ai rien à faire là, disait-elle.

    « Tu sais, il n'y a pas que des tombes ici, il y'a aussi des jardins commémoratifs, et je ne vais déranger personne. Ainsi que ceux qui font comme moi. »

    Mon ton était aussi sec que le sien. Le long de la conversation, je n'osais pas la regarder dans les yeux, mais là, je la fixais, durement et froidement. Ce que je n'aimais pas, c'était l'esprit étriqué des gens, pour une vision étriquée. Le peu d'ouverture d'esprit, l'extrémisme.

    « Je ne vais profaner aucune tombe, je vais seulement m'asseoir sur un banc, dans un jardin. Et je lis. »

    Mes mains s'étaient crispées. Je serrais les poings. Assez fort, pour être honnête. La pointe de mes ongles venait traverser ma paume, et peur à peu, je sentais le sang qui avait du mal à circuler. À ce moment là, une bourrasque souffla, emportant avec elle quelques feuilles mortes, certaines découvrant des tombes, d'autres allant en couvrir. Je détournai mon regard des pierres froides, pour le baisser au sol, devant moi, devant mes pieds.

    « Il vaut mieux que je m'en aille. Désolée de t'avoir dérangée. »

    Ben oui, si c'était pour recevoir une engueulade que je ne méritais qu'à moitié, non merci. J'étais consciente que l'avoir dérangée pouvait l'amener à m'en vouloir. Mais m'en vouloir parce que je me recueille à ma façon ? Pas vraiment non. Pas vraiment. le vent continuait de souffler, soulignant le silence qui nous entourait. Elle avait l'air immobile sous la caresse du vent, j'avais l'impression de m'envoler avec lui. Comme d'habitude.

    Être en colère n'était pas mon état d'esprit favori. Et je n'avais pas l'habitude que les gens soient en colère contre moi. Je suis habituellement une fille qu'on ne remarque pas, ou peu, ou bien je m'arrange pour embêter personne. Il m'arrive d'être en colère, à juste titre parfois. Mais souvent ça n'est que passager. Et là, j'étais vexée, de surcroît, alors ça n'arrangeait rien à mon karma.

    Je me retournai, attrapant l'anse de mon sac en bandoulière posée sur l'épaule droite, et commençai à marcher. Arriva ce qui arriva, je trébuchai sur une des racines du chêne. Oui, une des longues racines du vieux chêne. Je commençai à me sentir mal, des émotions de disputaient en moi, entre larmes, cris, et désespoir. Pas ici, pas maintenant. Je pris ma tête dans mes mains, immobile, dos à cette fille qui m'avait crié dessus, sans crier.
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MessageSujet: Re: Grandir se fait d'un coup ... [Isa]   Grandir se fait d'un coup ... [Isa] Icon_minitimeMar 4 Nov - 21:35

    Une bourrasque de vent me chatouilla les joues, faisant flotter autour de moi les pans de mon écharpe. Petite, je jouais avec le vent, sautant pour qu’il me fasse reculer, courant pour le sentir sur mon visage. Quand j’étais petite. Hier encore, je l’avais fait. Aujourd’hui, il ne me dérangeait pas plus que la veille. Son doux murmure à mes oreilles était rassurant, comme s’il souhaitait me soutenir à ce moment précis. Il fallait que j’arrête de délirer, voilà que je commencer à penser que les courants d’air frais me parlaient à présent. J’avais toujours eu trop d’imagination.

    D’un tic nerveux, je remis mes cheveux derrière mes oreilles. Geste totalement inutile et superflus, puisqu’ils étaient rassemblé sous un élastique, au dessus de mon cou. Mais c’était un geste qui m’était familier et qui me rassurait, même quand il n’était nullement utile. Je tenais cette manie de ma mère, et, bien que se soit un tic très répandus chez les filles, j’aimais cette idée. De tenir des choses de maman, même des petits trucs dérisoires. C’était en quelque sorte rassurant.

    Quand mon interlocutrice reprit la parole, sa voix était à présent aussi sèche que la mienne. Mes joues, déjà largement rosies - et pas par le blush, qui était partie avec les larmes – virèrent tomate trop mure. Qu’on me parle ainsi me faisait peur. J’avais toujours fui les cris et les colères, mais la froideur dont elle faisait preuve m’apeurait presque autant. Pourtant, c’était la même que celle qui se trouvait dans ma voix quelque instant auparavant à peine. Mais j’avais le sentiment qu’elle voulait être méchante tandis que moi … J’avais juste été déstabilisée à vrai dire.

    Mon regard se porta sur l’immense étendue de pelouse verte, recouverte de croix blanches parfaitement alignés. Nous étions à l’exact opposé des jardins commémoratifs. Cependant, ces yeux marron retenaient les miens en otage et je n’avais jamais osé parler à quelqu’un en le regardant fixement, ce qu’elle-même était en train de faire. De plus, ma remarque ne me paraissait pas très judicieuse à ce moment là, puisque ma seule envie était qu’elle ne finisse sa crise et ne parte, que je puisse réapprécier ma solitude. Cependant, l’inconnue ne semblait pas décidée à partir avant d’avoir terminé son petit sermon.

    Profaner des tombes ? Avais-je dit cela ? Je me repassais les quelques phrases que j’avais dites dans ma tête, avant d’en conclure que non. Je ne l’avais même pensé, cette idée ne m’avait a aucun moment effleuré l’esprit. Pas plus que je n’avais cru qu’elle ne venait ici sans aucun respect. Simplement, si elle n’avait perdue personne, je ne voyais absolument pas ce qu’elle faisait là. Bien sur, le devoir commémoratif était l’affaire de tous. Mais surtout de ceux qui ont quelqu’un à se rappeler, non ? Mais en fait, le mot qui m’avait vraiment choqué, c’avait été « reposant ». Parce que moi-même, quand je venais ici, je trouvais ça horriblement fatiguant et lourd. Comme si je payais quelque chose à quelqu’un. Ma chère, tu déraille. C’était vrai. Je déraillai totalement. Je ne savais même plus ce que je pensais à présent.

    Avant que je n’ai eut le temps de dire un mot, elle ouvrit de nouveau la bouche. Tiens, pourquoi aillait-elle partir puisqu’il y a à peine quelques secondes, elle ne faisait rien de mal et avait parfaitement le droit d’être là – ce qui était on ne peut plus vrai ? Mon esprit tordu fonctionnait assez bizarrement, il fallait le reconnaitre. Je voulus ouvrir la bouche. Pour dire quoi, je l’ignore. De toute façon, la jeune femme avait déjà fait demi-tour et marchait vers la lisière du bois qu’elle avait quitté quelques instants auparavant.

    L’incident aurait surement pris fin ici et je n’aurais plus jamais revue l’inconnue si elle ne s’était pas prise les pieds dans un des longues racines d’un arbre centenaire. Un chêne apparemment. Aussitôt, et sans plus réfléchir, je m’élançais vers elle. Elle s’était un peu redressée et avait sa tête entre ses mains. Les idées se bousculaient dans mon esprit, tant j’étais paniquée.

    « Ca va ? Tu ne t’es pas trop blessée ? »

    Mon inquiétude intérieure était plus que claire dans ma voix. Pleins d’images défilaient dans ma tête qui imaginait des centaines de scénarios différents. C’était tout moi ça. Je paniquai alors qu’elle avait simplement trébuché. Oui, mais d’un autre côté elle se tenait la tête entre les mains. Peut-être qu’elle saignait, ou qu’elle avait très mal ? Je m’agenouillai devant elle, les traits du visage déformés par l’anxiété, tandis que j’essayai mentalement de me dire que ce n’était rien de grave et qu’il fallait que je me calme. Bien sur, c’était vain.
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MessageSujet: Re: Grandir se fait d'un coup ... [Isa]   Grandir se fait d'un coup ... [Isa] Icon_minitimeMar 4 Nov - 22:32

    Alors que j'étais accroupie, en train de me concentrer pour ne pas péter un câble devant elle, le vent souffla de plus en plus fort et mes émotions s'emballèrent. J'avais souvent eu l'impression que le vent retranscrivait mes émotions, mes états d'âme, et apparemment, pour le moment, ça allait pas fort, en écoutant ce que le vent avait à dire. Ce que je voyais c'était un tapis de feuilles mortes, descendues du chêne. Quelques brindilles, et puis mes chaussures. Mes mains enserrant de part et d'autre mon visage. J'avais les mains froides. Surtout le bout des doigts. Mais j'avais l'habitude. Je m'étais égarée dans mes pensées : le vent, le bruissement des feuilles et... Tiens ?

    La jeune fille avait accouru vers moi ? Ce n'était qu'une petite chute, amortie. Mon sac était par terre, certes, mais je n'avais rien. Peut-être avait-elle cru que je m'étais blessée. C'était gentil de sa part, elle qui semblait vouloir me faire dégager quelques secondes plus tôt. J'avoue, j'avais peut-être été un peu fort sur le ton coupant de ma voix, mais le sien n'avait pas été très doux non plus. En aucun cas je voulais être méchante, mais seulement lui montrer que sur le coup j'avais été blessée.

    Mais comme la plupart des choses que j'entreprenais, je les ratais toujours, inlassablement et immanquablement. La seule de la famille qui était aussi gaffeuse. Un joli minois, disait mon frère, mais une sacré tête de noix. C'était dire si j'avais la tête ailleurs. Lui était beau, talentueux, populaire... Bref, pourquoi je pense à lui ? Ah oui, je suis une gaffeuse. Je ne m'en cache pas, la preuve je suis par terre. Enfin, accroupie, sur la pointe des pied. En pose de canard, dirait mon ancien prof de gym.

    Je pris réellement conscience du fait qu'elle était à coté de moi, et que par la même occasion, si elle avait voulu me taper, elle n'avait qu'à tendre la main. Pourtant, je n'avais pas fait de mouvement de recul. J'enlevai mes mains de mon visage pour les poser par terre, et par la même occasion, je me suis assise par terre, sur le lit de feuilles orangées pas la saison.

    « Ca va, ne t'en fais pas. J'ai juste trébuché. »

    C'était dit avec tellement de nonchalance que cela traduisait mon habitude à me gameller à tout va. La reine de la bêtise. Plutôt de la maladresse, mais niveau bêtise, j'ai un bon score aussi. Avec ma main, je pris une poignée de mes cheveux et les replacés en arrière, sans chercher à les coiffer. Quelques unes des mèches me tombèrent devant le visage, mais la plupart resta en place.

    Après avoir longuement fixé le sol, je me décidai à relever les yeux vers elle. Mon regard était à présent empli de honte, et de malaise, tout comme il l'avait été juste avant que je ne pique une crise passagère.

    « Je suis désolée d'avoir piqué une crise. C'est juste que je ne faisais de mal à personne. »

    Et que je pique une crise pour rien. J'ai mes périodes comme ça, mes parents en savent quelque chose. Et mon frère aussi. Mes amies moins, je suis du genre à laisser passer, et puis la taquinerie l'emporte. Pourtant il m'arrivait de perdre les pédales pour un rien, et j'étais sacrément ridicule dans ces cas là.

    Mes lèvres se pincèrent à nouveau, marquant une pause dans une nouvelle excuse, sincère encore une fois, et je rebaissai inconsciemment le regard vers mes mains. J'étais assise en tailleur, près de cette jeune fille. J'essayai pour la première fois d'esquisser un sourire, timide, bien entendu. Un sourire d'excuse ; tout en gardant les yeux vers le sol.

    « J'avais surtout peur de t'avoir blessée avec ma curiosité. »

    Note à moi même : la prochaine fois que je prévoie d'aller lire un bouquin au cimetière, il vaut mieux que je garde les écouteurs dans mes oreilles, et que je trace mon p'tit bout de chemin jusqu'au banc le plus éloigné des tombes. Ca vaudra mieux pour tout le monde.
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MessageSujet: Re: Grandir se fait d'un coup ... [Isa]   Grandir se fait d'un coup ... [Isa] Icon_minitimeMer 5 Nov - 0:12

    Petite, j’étais hypocondriaque. Ca m’étais passé avec le temps et les séances de psy que je faisais bien évidement. Mais pendant longtemps, j’avais eu infiniment mal à la moindre égratignure, allant même une fois jusqu'à tomber dans les pommes à cause d’un bleu ou vomir pour une griffure. Quand je tombais, il fallait des heures de soin pour que je me sente un peu mieux, et je souffrais encore le soir. Le pire, c’était que je ressentais vraiment la douleur, alors qu’elle n’avait pas raison d’être.

    Aujourd’hui, certes ça allait bien mieux, mais j’avais pris la désagréable habitude de m’inquiéter d’un rien. Même, et surtout, pour les autres. Quand quelqu’un avait un peu mal, il devait ingurgiter deux aspirines et se coucher pour que je sois un minimum tranquille. Ma mère, à la fin de sa vie, était toujours pleine de médicament, parce que je l’y forçais. On pouvait voir ça comme une mauvaise habitude, ce que c’était en quelques sortes. Mais c’était aussi et surtout un excès de prudence inutile.

    Aussi, l’angoisse me tordait l’estomac quand je voyais la jeune femme par terre. Elle finit par s’asseoir. Elle n’avait clairement rien au visage, mais ça ne voulait rien dire. Et si elle était tombée sur une pierre ? Et si elle avait des vertiges ? Peut-être qu’elle avait une hémorragie interne. Un tour aux urgences serait surement bien, non ? La jeune femme avait l’air d’aller plutôt bien, mais on ne pouvait savoir et sa ça se trouve, elle-même ne savait pas qu’en réalité elle s’était blessée.

    L’angoisse devait sans nul doute tordre mes traits, puisque ma nouvelle connaissance pris le soin de me rassurer. Pourtant, ma boule à l’estomac était toujours là. Elle pouvait bien dire ça pour ne pas m’inquiéter, mais souffrir. Peut-être même qu’elle avait quelque chose à la cheville ou à la jambe, et qu’elle ne sentirait ça que quand elle se lèverai. La jeune femme ne pouvait nullement affirmer que tout allait bien. Elle n’avait sans doute pas conscience de son état.

    « Tu es sure ? Tu n’as mal nulle part ? »

    Je m’efforçai de me calmer. J’avais une très nette tendance à laisser inutilement la panique m’envahir. Inspirer, expirer. Décidément, je souffrais d’un nombre de défauts et de troubles incroyablement importants. Comment se faisait-il que je puisse encore de sortir de chez moi alors que j’avais tant de manies et de peur irrationnelles. Inspiration, expiration. Les yeux résolument fixés sur les feuilles marron qui ornaient le sol, je tentai de fermer mon esprit à mes angoisses.

    Sa remarque me fit lever les yeux vers elle avant que je ne les rebaisse, puisqu’elle-même me fixai. C’était fou d’avoir à ce point peur de regarder les autres, mais c’était ainsi. Je n’avais d’autres choix que de faire avec. Pourquoi s’excusait-elle ? La jeune femme n’avait rien fait de mal, que je sache. C’était moi qui y étais allée plutôt très méchamment, et voilà qu’à présent c’était elle qui demandait pardon.

    « Tu n’a aucune excuse à faire. C’est moi qui … qui me suis inutilement emportée. J’étais juste horriblement gê … gênée »

    Je pensais sincèrement ces mots. J’aurais aimé pouvoir relever mes yeux pour qu’elle puisse lire que j’étais honnête dans mon regard. Mais je ne pouvais m’y résoudre. Alors, je contentai de vriller mes prunelles bleues marines sur le tronc de l’arbre, qui présentait un nombre de défauts intéressant. A coup sure, elle me prenait pour une fille folle. Je crois bien que, au finale, c’était un peu se que j’étais.

    Qu’elle ne m’ait blessée avec sa curiosité ? Elle ne m’avait posée aucune question. Certes, elle s’était trouvée au mauvais endroit, au mauvais moment et avait donc entendu mes mots. Mais il n’y avait là aucune curiosité selon moi. Et puis, ça ne m’avait pas blessée. J’avais été surprise et un peu gênée certes, mais c’était tout.

    « La curiosité n’est jamais blessante. Elle est juste quelque fois mal placée. »

    J’eus un petit sourire, mes yeux résolument fixés sur le chêne centenaire. Mais d’ou je tenais des phrases aussi bizarres et hors contexte ? Ah oui. Celle-ci, c’était mon grand père qui me l’avait dite. Mais pourquoi avais-je ressortis ça comme ça ? Au moins, je n’avais pas bégayé, ce qui était un net progrès à noter. N’empêche, je n’avais même jamais compris cette phrase, et voilà que je me mettais à la dire.
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MessageSujet: Re: Grandir se fait d'un coup ... [Isa]   Grandir se fait d'un coup ... [Isa] Icon_minitimeMer 5 Nov - 1:00

    J'avais souri sans m'en rendre compte, l'excès de zèle de mon interlocutrice m'avait fait sourire, en effet. C'est chou de s'inquiéter comme ça. Ou bien c'était une manie récurrente. Mais en tout cas, c'était gentil à elle de s'inquiéter. Les gens qui me connaissaient savaient que je trébuchais souvent, mais que je tombais un peu moins. En même temps, c'est une histoire de point de vue. C'est en souriant que je relevai mon regard vers elle, même si elle ne plongeait pas nécessairement le sien dans le mien.

    « Oui. Je n'ai mal nulle part. Ca va aller. »

    C'était une situation bien étrange. Mais aussi étrange que cela pouvait paraître, j'étais peut-être un peu moins mal à l'aise que tout à l'heure. Le fait qu'elle s'inquiète autant pour moi avait un peu réchauffé l'atmosphère. Et l'air s'était également réchauffé. À travers le feuillage du sage chêne qui nous surplombait, le soleil nous baignait de ses rayons dorés. J'aimais le jeu de lumière qu'il y avait entre les feuilles d'un arbre, le soleil, et celles qui était orangées, placées sur le sol.

    Un jour, quand j'étais gamine, avec mon frère on avait récolté tout plein de feuilles d'érable en plein été indien, et elles étaient d'un rouge éclatant. Toutes les nuances se côtoyaient. On avait collé ça sur un panneau A3, et je l'avais amené en tant que projet d'art plastique. C'était la seule chose dans la quelle j'étais douée. Tout ce qui avait rapport avec l'imagination, la créativité. Quand je ne me collais pas les doigts avec le pistolet à colle. En plus ça brûle ce truc là.

    Alors que je relevai mes yeux bleus - verts sur elle, la jeune inconnue esquiva mon regard. Je n'avais aucune raison de m'excuser ? Ah bon. Elle avait bégayé, mais je ne lui en portais pas préjudice, ça m'arrivait aussi avec les gens. Même ceux que je connaissais très bien. Je voulus protester que j'avais quand même à présenter mes excuses, mais mon esprit alla errer ailleurs. C'est vrai qu'on était gênées toutes les deux, donc selon le point de vue, les avis différaient. Mais je la sentais sincère. Et je la croyais. Je suis quelqu'un qui accorde sa confiance facilement, puisque je suis assez sélective. Et sur ce point là, je lui faisais confiance.

    « Pour être mal placée, ça oui, j'étais mal placée. »

    Je répondis automatiquement à sa réplique. Qui était fort jolie, ceci dit. Comme si elle citait quelqu'un. C'était peut-être le cas, qui sait. C'est vrai que la curiosité en soit n'est pas un défaut, à mon humble avis. Mais les gens voient en la curiosité même un mal. Et on demande aux gamins à l'école d'être curieux. De vouloir s'intéresser à tout. La curiosité est une marque d'intérêt mais les gens ne le perçoivent pas ainsi. Que voulez vous, le monde et ses paradoxes. Toute une histoire, depuis la nuit des temps.

    J'étais tentée de lui dire comment j'étais arrivée jusque là, que j'écoutais de la musique, que j'ai entendu sa voix, et que je voulais voir, mais je ne voulais pas que ce début de conversation revienne sur son deuil pour sa mère. Et surtout sur ma magnifique aptitude à m'attirer des ennuis. Non, je n'aurais pas voulu qu'elle pleure. Surtout pas maintenant. Déjà que j'étais pas très à l'aise tout à l'heure, si elle venait à fondre en larmes, je ne saurais pas du tout comment faire. Mais alors pas du tout. Et je risquerais de fondre en larmes moi aussi. Bonjour l'ambiance.

    « Je m'appelle Isabella. Mais tu peux m'appeler Isa, ou Bella, ou même Cassiopée. »

    Je me présentai, chose rare quand je ne le voulais pas. Mais je pensais que vu la situation, ça serait approprié. J'essayais aussi de détendre un peu l'atmosphère. Toutes les deux assises sur un linceul de feuilles d'automne. Une feuille se détacha du chêne et vint tomber sur ma jambe. Je la déplaçai avec un sourire rêveur sur les lèvres, et relevai ma tête pour voir que l'inconnue me fixait bizarrement. Ah oui.

    « Mon deuxième prénom. »

    Oui, il valait mieux préciser, et le tout avec un sourire sincère, naturel. J'avais levé les yeux au ciel en haussant des épaules, comme pour indiquer que c'était outre ma volonté.
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MessageSujet: Re: Grandir se fait d'un coup ... [Isa]   Grandir se fait d'un coup ... [Isa] Icon_minitimeJeu 6 Nov - 21:15

    Elle m’assura avec un sourire qu’elle allait bien. Je le luis rendit sans pour autant détourner mes yeux vers elle. Bien sur, elle pouvait très bine assurer ça sans que ce ne soit le cas. Mais il fallait vraiment que j’arrête d’être parano moi, et ce n’était surement pas trop tôt pour commencer. Tout va bien, tu le sais parfaitement. Oui. Je le savais. Et puis, quand bien même, l’inconnue venait de me l’assurer. Alors respires un bon coup et cesse de te poser mille question stupide à propos de sa santé. Zen. Inspiration, expiration.

    Une nouvelle fois, je répétais mon petit exercice plusieurs fois, le regard fixé sur l’écorce abimée du vieux centenaire à mes côtés. Mon manège finit par marcher puisque, petit à petit, mon inquiétude fléchit pour finalement se retrouver enfouie tout au fon de mon cœur, là ou je ne pouvais plus n’y l’entendre ni l’écouter, ce qui était pour le mieux. Comment pouvait-on être victime d’autant de troubles que moi ? Je l’ignorais. Mais j’aurais bien aimé que ce ne fut pas le cas. Surtout que, en troubles qui se respectent, ils étaient extrêmes gênants. Comme mon incapacité à regarder en face mon interlocuteur.

    « Ne … ne t’en fais pas. Oublions ça. »

    Quand je parlais à ma mère pourtant, mes mots étaient surs, j’étais certaine que c’était les bons. Je ne pouvais pas me tromper, puisqu’elle ne pouvait rien me répondre. Peut-être était-ce là mon problème ? Je disais me ficher de ce que pensaient les gens de moi. Pourtant, je faisais toujours attention, attendant leurs jugements, hésitants sans arrêt. Je me découvrais décidément beaucoup de choses nouvelles ce jour là. Du moins des choses que j’ignorais.

    Je relevais enfin mes pupilles sur elle, regardant fixement ses lèvres rouges claires qui s’agitaient tandis qu’elle se présentait. Je restai un instant, à contempler ses lèvres immobiles à présent. C’était assez étrange les formes que prenaient notre bouche quand nous nous exprimions. Je n’avais jamais remarqué ça, et je ne sais pas pourquoi mes réflexions se perdirent à ce point à ce moment précis. Surement une défaillance psychologique ou un truc du genre. Et oui, encore une !

    Je n’étais cependant pas si déconnectée que ça, car j’avais froncé les sourcilles à l’énoncé du dernier nom. Isa ou Bella était à n’en pas douter des surnoms, qui allaient parfaitement avec le doux nom d’Isabella qu’elle portait. Mais Cassiopée ? Se prenait-elle pour une constellation ou s’était juste quelque chose d’affectueux ? Aussitôt, mes pensées dérivèrent – comme d’habitude à vrai dire – et je me demandais si ça existait des humains qui se prenaient pour des étoiles. J’avais réellement des questions bizarres dans la vie. J’aurais surement du retourner chez un psy moi … Ce n’était pas une si mauvaise idée.

    « Ok. Heureuse de te connaitre Bella. »

    J’aimais bien ce surnom là, qui avait une consonance agréable à mes oreilles. Et puis il m’était vaguement familier, allez savoir pourquoi. Devant le silence qui durait depuis quelques secondes déjà, j’en conclus que, selon l’usage, c’était à moi de me présenter. J’avais vraiment du mal aujourd’hui, dis donc. Ca faisait partie des journées ou j’aurais mieux fait de me terrer dans mon lit comme je savais si bien le faire, plutôt que de venir affronter le monde extérieur, si moche.

    « Et moi c’est Alena. Tu peux m’appeler … Ben Alena. Ou Alie. »
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MessageSujet: Re: Grandir se fait d'un coup ... [Isa]   Grandir se fait d'un coup ... [Isa] Icon_minitimeSam 8 Nov - 17:48

    La jeune inconnue ne l'était plus, drôle de façon d'énoncer le fait qu'elle s'était présentée à son tour. Alena, c'était un joli prénom. Étrange comme les prénom féminins se terminaient souvent par un « a », héritage de nos ancêtres datant d'au moins trois ou quatre grands millénaires. Vestiges d'une civilisation latine ayant instauré les fondements d'une société hiérarchisée, nous ayant laissé une langue qui nous a servi de base, pour notre propre langue. Et celle du monde entier. Avant que l'apocalypse ne raye les trois quarts de ce patrimoine, historique, culturel... Hey, c'était pas vraiment le moment de penser à tout ça. Surtout pas en présence d'Alena, je pense qu'elle avait déjà suffisamment de tristesse en elle, pour ne pas que je la rejoigne dans de sombres pensées, bien funestes.

    C'est avec un sourire naturel et spontané que j'ai hoché la tête pour acquiescer ce qu'elle avait dit. Je voulais la regarder dans les yeux, ces jolis yeux bleus qu'elle avait, mais elle ne semblait pas encore prête à affronter mon regard. Que lui avais-je fait ? Est-ce que j'avais un morceau de salade entre mes deux incisives ? Ou bien un superbe spot sur le nez ? Peut-être qu'il ne s'agissait pas d'une broutille pareille, mais qu'elle était simplement timide.

    « Enchantée de faire ta connaissance Alena. »

    J'avais regardé vers elle, même si elle ne regardait pas vers moi. Ma petite manie, ou devrais-je dire une de mes petites manies revint, celle qui consistait à me triturer les doigts. Je faisais souvent ça quand je ne savais pas quoi dire, ni quoi faire.

    Intérieurement j'étais contente qu'on soit quelque peu cachées par le feuillage du vieux chêne et par d'autres arbres et arbustes. Voir deux jeunes fille comme nous assises de cette façon, près de tombes, en général, ça n'évoquait pas de très bonnes suppositions dans la mentalité humaine. On ne pouvait pas leur en vouloir.

    J'entendis un léger bruissement. Ce n'était pas le vent. Ca ne pouvait pas être quelqu'un non plus. Ca m'était étrangement familier. Ah, oui ! Mon portable était en train de vibrer. Alors que dans mon esprit je me voyais déjà en train de répondre à ma mère - oui c'était elle - pour lui dire que je ferais bien le détour par la boulangerie pour ramener du pain, je me raidis imperceptiblement. Ce n'était pas vraiment le moment pour que ma mère m'appelle. J'avais peur que cela réveille de tristes souvenirs chez Alena, et la voir pleurer à nouveau, ou qu'on se crie dessus encore une fois, je n'étais pas vraiment pour. Maman me laissera un message. Alena n'avait pas entendu, et pour cause, le vent soufflait fort en ce moment. Je me détendis alors un peu plus, pour me pencher en arrière, toujours assise en tailleur, les mains derrière moi pour me soutenir alors que j'étais légèrement courbée.

    « Tu fais tes études ici ? »

    Bella, tu es d'une logique surprenante. Seule New York était encore là, mais c'était une façon plus ou moins subtile de demander quel genre d'études elle faisait, histoire de me déprimer un peu plus sur le brouillard de mon avenir. Mais voyant que j'avais peut-être encore gaffé sur la signification de ma phrase, et sur le réel sens que je voulais en tirer, je me dépêchai de préciser le but de ma question, curieuse jusqu'au bout des ongles.

    « Enfin, juste pour savoir quel genre d'études tu fais, et si ça te plaît. »

    Un petit sourire timide avait envahi mon visage en forme de coeur, pour lui montrer que je ne voulais surtout pas être indiscrète, ni qu'elle m'agresse parce qu'elle n'avait pas envie de parler. À vrai dire je n'étais sûre de rien, étant donné la tournure qu'avait prise la scène quelques minutes auparavant. Et puis je trouvais le fait de parler d'études beaucoup plus agréable que si je parlais de sa défunte mère. La pauvre en serait dépitée, et moi décapitée.
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MessageSujet: Re: Grandir se fait d'un coup ... [Isa]   Grandir se fait d'un coup ... [Isa] Icon_minitimeJeu 13 Nov - 22:10

    Le sourire de mon interlocutrice était tellement vrai et spontané que je ne pus m’empêcher de le lui rendre, levant sans y penser les yeux vers elle. C’était sans doute une erreur. J’avais toujours eut peur de regarder les gens dans les yeux, parce qu’il y avait trop de choses à y voir, trop à deviner. Je me perdais sans arrêt dans la contemplation des yeux de ma mère, étant petite, et je finissais toujours par m’y perdre, avant d’éclater en sanglots. Jamais Maman n’avait compris pourquoi, quand nos pupilles se croisaient, mon regard restait fixement posé sur elle, et les pleurs venaient quelque dix minutes plus tard. A vrai dire, moi non plus je ne l’avais jamais bien su. Je revoyais tout le passé de Maman dans ses yeux, c’était vrai. Toutes les lettres écrites à mon père, que j’avais lues tout comme ses réponses. Ma mère avait trop de choses en elle pour que je ne puisse supporter de la regarder en face. Ridicule, hein …

    Je clignais plusieurs fois des yeux pour sortir de mes pensées, et me reconcentrai sur mon interlocutrice, qui était la sujet qui m’intéressait en ce moment. C’était une véritable manie chez moi, de me laisser envahir par les souvenirs, de placer mes pensées avant les dialogues que j’étais en train de tenir. Ca m’avait value plus d’un regard noir ou plus d’une colère, mais je n’avais jamais réussi à faire autrement. Au moins, dans mon esprit, je savais à quoi m’attendre, se qui n’était pas le cas quand je discutais avec quelqu’un d’autre. Trop surprenant. C’était le problème.

    Une rafale de vent, plus importante que les autres, me fit frissonner. Je me le prenais moi-même de plein dos, se qui faisait que mes mèches brunes volaient vers Bella, tandis que j’essayais vainement de les mettre derrière mes oreilles. J’avais toujours aimé ça, mais là le froid s faisait un peu plus intense. Je remontais mon écharpe bleue sur mon menton dans l’espoir vain de me protéger un minimum. Apparemment, Bella fut déconcentré par quelque chose, peut-être un bruit que je n’avais pas pu entendre, ou quelque chose que je n’avais pas vue. Instinctivement, je me retournais pour regarder derrière moi. Rien, a part le tapis marron de feuilles mortes et d’autres arbres qui en avaient vu passer du monde. Je me retournais aussitôt vers elle, qui ne m’avait apparemment pas vu me retourner. Le conflit intérieur qui avait semblé l’agiter était passé. Ca ne devait pas être trop grave, en conclus-je donc.

    J’acquiesçai à sa question, sans bien savoir si je devais développer ma réponse. Bien sur, si elle me demandait, c’était que ça l’intéressait un minimum. D’un autre côté, ça pouvait être de la pure politesse, ou une façon de bavarder, sans pour autant qu’elle n’en a quelque chose à faire. J’avais le don pour faire des questions les plus simples quelque chose de compliqué. D’un autre côté, ça question était un peu étrange. Ce n’était pas comme s’il y avait eut beaucoup de ville encore, puisque seule NY avait survécu. Alors comment aurais-je pu faire des études ailleurs ? Ou alors, peut-être que sa question était une manière de demander l’air de rien si je faisais des études. Alena, arrête de délirer, elle t’a juste posé une question !

    « Oh. Oui, je fais du journalisme. J’adore ça à vrai dire, même si ce n’était pas vraiment pour moi à la base. »

    Je lui rendis son sourire timide. Par pour moi à la base ? Ce métier était tout ce qui me caractérisait … à l’envers. Je n’avais pas tout le profil de quelqu’un qui peut exercer cette profession, loin de là même. Pourtant, petite, je découpais déjà des articles dans les journaux, quand ils me paraissaient bons. Chose que je faisais toujours. J’avais découvert une passion, j’interrogeais les amis de ma mère pour savoir leurs avis sur l’actualité, la politique … Et j’avais huit ans ! Alors, peut-être que ça n’avait pas été fait pour moi. Mais quand j’avais des questions à poser, j’y arrivais. Quand j’avais quelque chose à dire, je savais parler.

    « Et toi alors ? »

    Je me rendis alors compte que j’avais fait déjà plusieurs phrases sans rater aucun mot, sans baisser les yeux. Je la regardais en face à présent, même si mes yeux n’étaient pas fixés sur les siens, mais regardaient tout son visage. Je faisais quand même des progrès et un léger sourire naquit sur mes lèvres. Ca faisait longtemps que je n’avais pas été fière de moi, et ça faisait du bien. Même si j’avais un peu l’impression d’être orgueilleuse du coup. Je faisais de toute façon toujours des complexes de tout, alors …
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MessageSujet: Re: Grandir se fait d'un coup ... [Isa]   Grandir se fait d'un coup ... [Isa] Icon_minitimeLun 17 Nov - 19:45

    Lorsque je vis qu'Alena avait pour la première fois relevé son regard vers moi, je me sentis touchée par une vague de chaleur, un sourire aussi rayonnant que ses yeux sont d'un bleu mystérieux. À chaque fois que je lui posais un question, ou bien tout simplement quand je lui parlais, j'avais remarqué qu'elle réfléchissait intensément à chacune de mes paroles, chacun des mots que j'avais prononcé. Comme si elle cherchait un sens second ou bien tierce à celui que j'avais énoncé, simplement, au départ.

    Le journalisme ! Voilà quelque chose qui me surpris quand je l'entendis. Elle avait l'air tellement timide ; tellement à fleur de peau que je n'aurais pas dit ça si on m'avait demandé, au pifomètre. Mais c'était bien, si elle aimait ça. Et apparemment, c'était le cas. Puis elle rajouta furtivement, que ça n'était pas pour elle, à la base. Était-ce pour sa défunte mère ? Possible, mais je ne poserai jamais la question. J'ai bien trop de respect pour ses sentiments, pour ne pas poser de question déplacée et malhonnête.

    Étrangement, une certaine aisance s'était installée entre nous deux, comme si le souvenir de la maladresse de tout à l'heure, portrait craché de ma personnalité, n'avait été qu'un malencontreux nuage, sur le passage du vent. En parlant de vent, celui-ci s'était quelque peu calmé, et mes cheveux qui partaient dans tous les sens revinrent se poser en n'importe quoi-digne-de-moi sur mon crâne. Ah oui, c'était classe l'ébouriffé, c'était même à la mode cet hiver. Mais là, c'était un peu sauvageon, comme si j'étais sortie d'une bataille avec un grizzly, sans les blessures mortelles et les vêtements déchirés.

    Je pris alors mes cheveux dans ma main, au préalable nettoyée de toutes les écorces et feuilles mortes qui s'étaient incrustée dans la paume de ma main, et je les remis en arrière, en tentant tant bien que mal de les lisser, afin que les jolis épis qui parsemaient ma chevelure se camouflent derrière mes mèches de cheveux. Avec ce joli soleil qui commençait à poindre, je voyait quelques uns des reflets roux qui ornaient mes cheveux. Dans ce soleil, en général, P'pa disait que j'avais les yeux de ma grand-mère, verts, avec ce miel qui coule tel une rivière le lond d'Eden. Oui, parfois P'pa délire un peu beaucoup...

    Oh oh. La question fatidique. Je venais à peine d'émerger de mes pensées quelques peu nébuleuses, et je me rendis compte qu'elle m'avait demandé ce que moi je faisais. Euh... Comment dire. Glandeuse professionnelle ? Errante des terres oubliées ? Bella, elle demande sérieusement je crois. Tu crois ? Ouais.

    « Euh... Moi ? »

    La main qui était dans mes cheveux se mit à gratter nerveusement mon cuir chevelu - on dirait que je fais de la pub pour un shampooing - et j'étirais un sourire - sans les dents - lèvres un peu pincées, montrant que j'étais pas vraiment étudiante. Ca me mettait un peu mal à l'aise, car je passais bien souvent pour une bon-à-rien.

    « En fait je ne fais pas d'études... Euh... Je cherche, chaque fois j'erre dans des universités, en m'installant dans les amphis' en espérant trouver une voie. »

    Mes parents ne m'en voulaient pas pour ça, ils étaient plutôt cool sur le sujet. Ils voulaient juste que t-je trouve ma voie à ma façon. Certains disent surtout qu'ils ne trouvent pas parce que les portes leurs sont fermées. Moi c'était le contraire, je pouvais aller où je voulais, mais souvent, je préférais mettre mon nez dans mon carnet de dessin, ou me balader dans Central Park.

    « Mais en ce moment, je bouquine. J'espère avoir une illumination. »

    J'avais souris lorsque j'avais dit cela. C'était également le titre du livre. Histoires d'amour impossibles, complexes de jeune fille, conflits intérieurs. Je sortis le livre de mon sac en bandoulière qui était à coté, pour lui montrer la couverture, avec le même sourire.
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MessageSujet: Re: Grandir se fait d'un coup ... [Isa]   Grandir se fait d'un coup ... [Isa] Icon_minitime

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